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1 septembre 2013

De la complexité de la noix de coco

Une fois installé dans mon nouvel appart après quelques jours, un peu lassé d’aller au Quick plus pour le wifi que pour la nourriture, j’ai décidé d’aller faire des courses au supermarché voisin. Première leçon, que j’avais déjà entrevue dans mes premiers voyages : on ne peut pas connaître un pays sans connaître ses supermarchés. On y voit les gens au quotidien, on y perçoit et commence à comprendre la vie de tous les jours des locaux.

Le coût de la vie d’abord, avec des produits manufacturés et importés hors de prix parce que nécessaires et non substituables. C’est comme si tous les objets du quotidien étaient étalonnés sur le principe sandwich SNCF, c’est hors de prix pour ce que c’est, mais quand t’as faim dans le train….

On y croise aussi d’autres problèmes de société : par exemple dans les rayons vins et alcools, qui n’ont rien à envier à ceux de France, en dehors du fait qu’ils ne sont pas ouverts au public l’après midi et le soir à partir du vendredi, pour limiter les consommations abusives du week-end et leurs lots d’accidents corporels, matériels et sociaux.

Le rayon fruits et légumes achève de casser le côté carte postale : on se rend compte que la majorité sont importés, que la production locale ne couvre pas les nombreux fruits des « photos-étalages » entrevues dans les guides, et que la richesse de la production calédonnienne c’est d’abord le nickel, ce qui est très bon pour le pays, mais moins dans une salade ou une tarte….

Mais, enfin, on croise un étal de noix de coco locales, à un prix modique (100CFP l’unité, ce qui paraît vraiment dérisoire après le dentifrice à 10 euros), et qui réveille des souvenirs holywoodiens de plages et de cocktails…

On rentre chez soi, fier d’avoir soutenu l’économie locale, et de ne pas (trop) avoir cédé à la pression mondialisatrice qui nous propose des Princes de Lu à 5 fois leur prix à l’autre bout du monde.

Mais en fait c’est ici que commence la leçon.

D’abord, pour comprendre la vie dans un pays, il faut avoir les bons outils, c'est-à-dire les outils locaux. Après avoir galéré pendant une demi heure pour ouvrir avec un couteau pourtant bien acéré les 2 cms du bout de la noix de coco et risqué plusieurs fois la découverte empirique des structures de soins locales, tu comprends que les machettes, c’est pas que pour couper les branches dans la jungle, et que ça peut servir au quotidien. Dans ta cuisine recouverte de copeaux de noix de coco et que tu va mettre trois fois plus de temps à nettoyer qu’à salir, tu comprends pourquoi ici il y a des cuisines dans les jardins et les terrasses.

Mais bon, tu es fier de toi après ta mini victoire sur la noix, alors tu fais comme dans les films et tu commence à boire dedans : et là tu es encore victime des préjugés holywoodiens sur les vertus nutritives des fruits du Pacifique quand tu n’as que quelques gouttes d’un jus transparent au goût peu prononcé, très éloigné des litres de cocktail rafraichissant qu’on t’avait fait miroiter.

Les outils, c’est bien, mais il faut aussi le savoir faire : après avoir risqué la perte de tes doigts lors de la découpe,  tu tente de les achever au marteaux pour accéder à la chaire blanche de l’intérieur. Tu redonne des airs de jungle à ta cuisine pour finalement te retrouver avec plein de petits morceaux blancs de chair dure et dont tu ne sais absolument pas quoi faire. Parce que sans recettes, les ingrédients ne servent pas à grand-chose…

Finalement, usé, tu mets le tout dans un tupperware, tu nettoies ta cuisine et tu ouvre ta boite de prince (que t’avais acheté pour le jour où ça te manquerait trop), parce que ça fait une heure que t’as faim et qu’il est déjà 9 heures du soir et que c’est tard parce que  demain tu commence à 6 heures, pas parce que tu veux démarrer tôt mais parce que c’est l’heure où les gens commencent ici….

En y repensant plus tard et en dégustant ta noix de coco dans un plat local fait à partir d’une recette du coin, tu commence à retenir la leçon, à philosopher et à filer des métaphores. Parce qu’au final, c’est peut être ça, la Calédonie : une coque canaque brune et rugueuse, mais qui peut cacher plein de richesses, un centre caldoche blanc et difficilement accessible, mais qui sait être savoureux, et quelques métros qui semblent transparents et insipides, mais qui peuvent améliorer la meilleure des sauces, pour peu qu’ils en aient la recette.

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25 août 2013

La tête à l’envers… les pieds sur le Caillou.

Quand j’étais petit, comme tous les petits de la terre, j’avais du mal à voir le monde en grand, et surtout en rond. Je me souviens que mes grandes sœurs me disaient : Si tu creuses très profond tu verras des chinois, qui vivent la tête à l’envers….

Et maintenant, depuis 10 jours, j’y suis, de l’autre côté de la terre (Nouméa-Nouvelle Calédonie), et j’ai toujours pas vu de chinois. Mais mes grandes sœurs avaient un peu raison, car j’ai l’impression que le trajet m’a un peu retourné la tête. Elle est toujours sur mes épaules, et le ciel n’est pas tombé dessus, mais parfois certaines connexions ne se font pas dans le bon sens, preuve qu’il s’est passé quelque chose.

Je n’ai pas creusé de tunnel, mais on ne peut pas dire que le voyage fut facile.

D'abord, les préparatifs, qui sont plus nombreux quand on a un billet d’avion aller sans retour. Vient un point où on arrête de préparer, parce qu'on aura jamais tout ce qu'il faut, et que c'est peut être ça qui est bien. On profite alors une dernière fois de ceux qu'on quitte et qu'on va revoir, même si on ne sait pas très bien où et quand.

Et puis on part, on s’engouffre dans le tunnel, ou plutôt la passerelle qui vous conduit à l’avion, pour en ressortir quelques heures ou jours plus tard. Un petit courrier Marseille Paris pour se mettre en jambes. Un long Paris Séoul pour ne plus les sentir. Un second long Séoul Nouméa pour regretter d’en avoir. Bien sûr, il y a quelques occasions pour se les dégourdir. Une consultation en plein vol, donnant l’occasion de pousser jusqu’en première puis dans le cockpit pour en discuter avec un confrère du Samu de Paris. Merci à Air France du petit geste de dédommagement doné pour m’avoir coupé dans mon deuxième film et regretté momentanément d’avoir répondu à la question fatidique de y-a-t-il un médecin dans l'avion? Puis à Séoul, où on peut déambuler dans le grand aéroport. Très beau, très propre, très moderne, mais finalement pas très dépaysant.... heureusement qu’il y a des enseignes marquées en Coréen pour rappeller qu'on est en Corée. On est touché par la magie de la mondialisation qui veut que l’humanité soit inexorablement amenée à finir attablée dans un Starbucks, mais on aura l’occasion dans reparler plus tard, et en plus y’a du wifi.

On sort du tunnel 24 heures plus tard, ou plutôt 36 heures avec le décalage, comme on sortirait d’une machine à laver. Lessivé, un peu humide et un peu rétréci (par le fauteuil de devant...). Mais content et prêt à se jeter à l’eau à nouveau. Et là, on attend ses valises, et plus on attend, plus on se dit que se serait compliqué si elles n’avaient pas fait le même trajet que nous. Et alors on réalise qu’on a fait le tour de la Terre, qu’on est plus loin de chez nous qu’on aurait jamais pu être, et qu’on ne pourra jamais, sauf si on envisage une carrière d’astronaute. Ca fait un petit pincement, voire un gros vu que le cœur bat à l’envers, mais heureusement, dans cet autre côté du monde, on croise vite des visages sympathiques à défaut d'être familiers, des panneaux comme chez nous sur des routes inconnues, des choses qu’on connaît parmi d’autres qu’on ne connaît pas encore. Alors on se dit qu’ils n’ont pas l’air si terribles que ça, ces chinois de France, et que sur leur Caillou, il y a l’air d’avoir encore un peu de place pour les Français d'extrême occident….

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